Camille Evergreen - L’innocence ne peut être sage et la sagesse ne peut être innocente.  

Un jour, je suis née.

Il faut donc que je raconte ma vie ? Soit, c’est parti. Alors, je m’appelle Camille et je suis née-moldue. Ca veut que j’ai des pouvoirs magiques alors que mon papa et ma maman n’en ont pas. Et ce n’est pas vraiment très bien vu chez les sorciers de nos jours. Je n’ai jamais très bien compris pourquoi. Disons que nous ne sommes pas aussi importants que les autres, en fait.

Moi, je suis née dans un petit village d’Ecosse dont le nom ne dit presque jamais rien à personne. Au moins, on n’est pas trop dérangé par les gens, mais bon, il ne se passe pas grand-chose là-bas. Quand j’étais petite, la vie était tranquille. Ma mère me racontait des contes de fées pour m’endormir et j’ai toujours pensé qu’un jour, je rencontrerai le parfait prince charmant. J’ai toujours cru qu’il y avait un homme quelque part juste pour moi. J’ai passé beaucoup de temps dans la cour de l’école du village en train de me raconter des histoires de dragons et de tour. Si j’avais su…

Ma première manifestation magique, c’est comme ça qu’on appelle ça quand un sorcier enfant fait de la magie pour la première fois, je l’ai eu quand j’avais six ans. Précoce, d’après ce que disaient Papa et Maman Hemcroft. J’avais toujours été en avance en classe, et ça a toujours continué après, magie ou pas. Mais je n’ai jamais sauté de classe. Manque de maturité, disaient les professeurs. Je crois qu’ils n’avaient pas tort. Vous devez vous demander qui sont papa et maman Hemcroft. J’y viens. Donc ma première magie, je jouais devant la maison avec ma poupée, et j’ai vu une balle de foot arriver sur moi. J’ai mis ma main face à elle et la balle est tombée, pile devant moi.

Je n’ai pas très bien compris, mais s’il y en a une qui a compris, c’est Maman Hemcroft. C’était notre voisine à l’époque, et elle m’a vite attrapée par la main. Un peu après, des gens sont venus et ils ont parlé avec elle, elle m’a dit de ne rien dire et de rester à jouer dans mon coin, ce que j’ai fait. Les gens, ils sont partis très vite et après, Papa et Maman Hemcroft, ils ont discuté avec mon papa et ma maman. Je l’ai compris après, mais Papa et Maman Hemcroft, c’étaient des Sangs-Mêlés. Et quand ils ont vu que j’avais des pouvoirs, ils ont fait croire que j’étais leur fille, sinon, je serais morte. Je ne les remercierai jamais assez.

Ils m’ont prise avec eux. Je pouvais voir papa et maman tous les jours, mais c’était plus sécurisé que je vive avec ma nouvelle famille, comme je ne contrôlais pas es pouvoirs. J’ai été inscrite sous leur nom à Poudlard, et j’ai fait toute ma vie de sorcière sous leur nom. Dans un petit village comme le nôtre, les sorciers n’allaient pas vérifier qui était le bébé de qui et tant que je ne faisais pas de vagues, tout irait bien.

Mon prince et ma princesse

Je suis entrée à Poudlard lors de ma onzième année, quelques mois après mon anniversaire, en Septembre. Ma grande sœur Hemsworth, Diana, était déjà à Poudlard et elle s’est beaucoup occupée de moi. Même si je n’était pas sa vraie sœur, Diana m’a toujours traitée comme telle, et les autres aussi d’ailleurs. Du coup, je me suis retrouvée avec un petit frère de deux ans de moins que moi et les jumelles, qui sont rentrées en première année quand j’étais en cinquième. J’ai été à Serdaigle, c’est une maison cool. J’y ai passé de bons moments, surtout avec les copines du dortoir.

Je me suis fait plein de copains et plein de copines à l’école. Comme si c’était un peu différent avec la magie, comme si je me sentais moins seule, moins à l’écart des autres, moins différente. Du coup, j’y ai passé de supers moments. Bon, comme j’étais toujours le nez dans mes bouquins, j’avais plutôt des bonnes notes, au moins en théorie. Je m’en suis pas trop mal sortie en pratique aussi, surtout en botanique, c’est chouette de s’occuper des plantes. Mais des fois, je dois reconnaître que ma baguette ne faisait pas toujours ce que je voulais. Probablement un manque de concentration, d’après les profs. Il parait que je rêve.

Mais sinon, Poudlard, c’est la rencontre avec mon prince et ma princesse. Ils étaient de sang pur, mais ni le premier, ni le deuxième de leurs familles respectives, ils ont eu le droit d’aller à Poudlard, même si c’était une école de moindre importance. Mais ils y étaient les meilleurs, les plus beaux, le prince et la princesse de l’école. Bon, non, toute l’école n’était pas de mon avis, je l’avoue, mais moi, je les ai toujours adorés. Alexander est le prince. Grand, noble, fort, courageux, la première fois que je lui ai cédé, j’avais quinze ans. Je savais qu’il serait fiancé dès sa sortie de l’école, mais je me disais qu’il s’enfuirait avec moi. Il me faisait des promesses, il me parlait d’amour, il me disait que je serait toujours avec lui.

Séraphina, elle, elle est belle, elle est distinguée, elle a de l’allure et du style. J’aurais tellement aimé lui ressembler. Elle a toujours su quoi dire, quand le dire. Elle était la responsable de notre petit club et je l’admirais de toutes les forces de mon être. J’aurais fait n’importe quoi pour elle et elle le savait très bien. Quand elle me demandais quelque chose j’aurais décroché la lune pour le lui apporter. Seraphina et Alexander, ils étaient les héros de mon enfance, de mon adolescence, ils devinrent toute ma vie, sans que j’en prenne vraiment conscience.

Âme loyale

Après Poudlard, j’aurais pu me retrouver seule avec mon bagage, surtout que c’est avec Seraphina que Alexander s’est retrouvé fiancé. Mais il a tenu sa promesse, il m’a emmenée avec lui à son manoir, un endroit magnifique, comme je n’en avais encore jamais vu. Pour tout le monde, je n’étais qu’une servante, attachée à Seraphina, et j’aurais tout fait pour elle, c’est vrai. Je faisais d’ailleurs tout ce que je pouvais pour lui apporter ce qu’elle désirait, qu’un s’agisse d’un panier de fruits, d’un livre, ou de quelque chose de plus rare. Seraphina, j’étais à ses ordres, et je faisais toutce qu’elle me disait.

Mais avec Alexander, on a continué notre petite histoire. Il venait souvent me voir pour coucher avec moi, et je n’aurais jamais songé à lui dire non. J’espérais que cela ne ferait pas de peine à Seraphina si elle l’apprenait, mais il était mon prince, on ne dit pas non à son prince. Et puis, je me suis rendue compte que Seraphina était au courant, qu’elle n’était pas contre, et elle a même fini par trouver son compte dans tout cela. J’étais donc bien à eux deux, et seule eux deux et moi étions vraiment au courant de ce qui se passait dans la maison.

Et puis, il y a eu le bébé. A peu près en même temps, Seraphina et moi sommes tombées enceintes. Je croyais qu’ils seraient fâchés, mais pas du tout. Seraphina n’avait pas envie d’allaiter au risque de perdre de l’importance au sein de la société des sang-purs, et ils n’avaient pas envie de s’embêter à chercher une mère nourricière. J’étais toute trouvée. Je devais prétendre que mon enfant était le fruit d’une nuit d’amour avec un employé de la maison, en revanche, pas question d’avouer que le maître de maison était le père biologique du bébé. Il y avait des limites.

Nos bébés

J’ai accouché d’une petite fille, Rose, quelques mois avant Seraphina. Du coup, quand le petit garçon, l’héritier est né, rose commençait à avoir moins besoin de lait et j’ai pu me donner toute entière au fils héritier de mon prince et de ma princesse. Nourricière, me voilà devenue nourrice, élevant ma Rose avec son frère, même s’ils ne le savent pas. Frère et sœur de lait, voilà ce qu’ils savent, et le petit héritier a l’ordre de ne pas trop s’attacher à ma fille. Il est sang-pur, il ne faudrait pas qu’ils deviennent trop amis. Du coup, Rose est plus un jouet qu’une compagne de jeu pour lui, mais c’est normal, non ? Il est son supérieur.

Les deux petits ont maintenant cinq ans et je continue à m’occuper d’eux. Je suis la nourrice. Un autre enfant est venu rejoindre son frère il y a trois ans, et Seraphina veut encore un bébé. Elle estime que ses enfants lui permettront de se lier à d’autres familles de sang-pur, d’acquérir du pouvoir. Pour le monde des sorciers, je ne suis que la nourrice de Seraphina et Alexander. En réalité, je suis tout à la fois leur petit jouet, leur bras armé s’il le faut, leur servante docile. Je donnerais ma vie pour eux et leur fils si nécessaire, et ils le savent. En échange, Rose et moi vivons en sécurité et s’il devait m’arriver quelque chose, ils ont promis de prendre soin de ma puce. Ils sont mes bienfaiteurs.