Allison Gauthier - Everybody wants to be a cat 

Ma naissance est entourée de mystère. Je sais juste que l’abandon a été un gros cliché. Vous voyez ce cliché du bébé laissé emmailloté dans un panier sur le perron d’un orphelinat ? Et bien il parait que c’est comme ça qu’on m’a trouvé, en me laissant avec une lettre d’explication. La seule chose de laquelle je suis sûre, c’est de la présence de cette lettre parce qu’on me l’a donné quand j’ai eu dix-huit ans. Mais comme je vous le disais, ma naissance est entourée de mystère. Déjà parce qu’on ne sait pas quel jour je suis née exactement. Mais j’étais vraiment un tout petit bébé quand on m’a abandonné alors ça doit se jouer à quelques jours. Du coup, on considère que je suis née le jour où j’ai été trouvé sur le perron de l’orphelinat. Je n’ai jamais su qui étaient mes parents. Je sais juste qu’ils ont choisi mon nom, ou au moins que ma mère s’en est chargée. Comme si elle pensait que me donner un nom et un prénom était vital. Elle n’avait pas idée d’à quel point elle pouvait se tromper… Parce que ce dont j’ai le plus manqué, c’est bien d’une mère. Commencer sa vie dans un orphelinat, sans une mère, je ne le souhaite même pas à mon pire ennemi. Parce que commencer sa vie sans connaitre la chaleur des câlins d’une maman, il n’y a rien de plus cruel pour un tout petit.

Des tous petits, c’est encore assez facile à faire adopter. Parce que justement, c’est tout petit ! Et donc, si vous en avez un qui vous ressemble suffisamment, il y a peu de chance qu’il vous pose des questions, vous demande pourquoi il ne vous ressemble pas. Et sans qu’on ne sache pourquoi, alors que d’autres étaient adoptés, moi je restais coincée là-bas. Peut-être un simple manque de chance me direz-vous. Toujours est-il que mes premiers souvenirs, je me les suis fait dans un orphelinat et non dans un foyer aimant. Autant, quand vous êtes assez jeune, il est facile de se faire des amis. On oublie vite, on ne fait pas vraiment attention à la tête de ceux qui nous entoure. Mais plus on grandi et plus ça devient compliqué. Parce que les adieux sont parfois déchirants. Ça finissait bien souvent dans les larmes. Bon d'accord, c'était souvent vite oublié, comme balayé par les nouvelles arrivées. Parce qu'il en a pour tous les goûts finalement et les abandons et autres ne surviennent pas qu'à la naissance. Certains parents, assez rares tout de même, n'hésitent pas à abandonner lâchement leur enfant, en se rendant compte que c'est trop difficile à gérer pour eux. Et puis il y a ceux qui arrivent parce qu'ils ont perdu leurs parents et que personne de leur famille ne veut d'eux, ou pire encore : quand il ne reste vraiment plus personne. Et puis du coup, pour des jeunes enfants ce n'est pas facile à gérer. On les catégorise d'enfants difficiles. Moi aussi on m'a catégorisé d'enfant difficile. On ne comprenait pas certaines crises de colère que je pouvais faire, on ne savait des fois pas comment me gérer entre crises de larmes et moment où j'étais capable de littéralement tout envoyer valser. Jugée depuis toute petite.

On fait mieux comme début de vie n'est ce pas ? C'est sans doute ça qui m'a forgé. Cette petite enfance rythmée par les arrivées et départs des autres enfants. Et moi qui restait là pendant plus longtemps qu'eux.

Pourquoi les familles ? Tout simplement parce qu'il y en a eu plusieurs. Comme je vous l'ai déjà précisé, j'étais une enfant dite difficile. J'avais cinq ou six ans quand je suis passée pour la première fois dans une famille d'accueil. Avec le recul et en ayant grandi, je me rends bien compte qu'ils étaient vraiment adorables. Ils étaient relativement jeunes, ils devaient avoir dans les vingt-cinq ans. Et ils ont vraiment fait tout ce qu'ils pouvaient pour que je me sente bien. Je me souviens de goûters, d'après-midi passées devant des films de Disney. Mais tout ça ne servait pas à grand chose au final. Parce que j'étais toujours plus ou moins colérique et destructrice. Et il n'y avait, en fait, pas grand chose à y faire. Ils ont tenus quelques mois tout de même, avant que je ne retourne à mon point de départ. Et de nouveau, il y avait une forme d'abandon. Certains psychologues diront que si j'agissais de la sorte, c'était une manière de protéger, en provocant cet abandon que je connais. Comme si, finalement, être abandonner était quelque chose de rassurant. Certains diront même que c'est une manière de me conforter dans l'idée que je mérite d'être abandonner. Foutaises ! Quoique, si ça se trouve la psychologie fonctionne de cette manière et je me voile la face. Toujours est-il que je suis passée par d'autres famille après cela. Et il y en a eu pour tous les goûts finalement. A croire qu'il fallait tout essayer, pour trouver ceux qui me permettraient de m'épanouir comme je le voulais.

Avant d'entrer au collège, j'étais déjà passée par quatre ou cinq familles. Des grandes, des petites. Avec des couples jeunes, avec des couples plus âgés. Mais le problème était toujours le même finalement. Parce que je ne trouvais pas vraiment ma place. Parce que je retournais toujours au même endroit au final. Enfin plus ou moins au même endroit parce qu'en grandissant, je changeais d'établissement. Non, on ne laisse pas les grands avec des touts petits. Mais finalement, ça ne changeait pas grand chose. On nous regroupait et c'était tout. Et finalement, un jour je suis arrivée dans un foyer qui brassait un peu plus de monde. Du genre de foyer qui récupère les enfants qui sont maltraités, ceux qu'on prend à leurs parents pour leur propre sécurité. Et moi je me retrouvais au milieu de tout ça. A ne pas comprendre, à jalouser ces jeunes qui, eux, avaient des parents. Moi je ne connaissais rien des miens. Et ce que je ne savais pas non plus à ce moment, c'est que mon dossier me suivait. Un dossier contenant toutes les informations sur les familles qui avaient tentés de m'accueillir. Mais aussi une fameuse lettre, qui serait peut-être en mesure, un jour, de me dire qui je suis et d'où je viens. Mais qui s'en préoccupe, à dix ans ? Moi, tout ce que je voulais c'était au moins une mère. Mais j'avais le chic pour réussir à toujours tout gâcher, ce qui me valait des regards plus ou moins désapprobateurs de la part des éducateurs.

La rentrée au collège... Celle-là, je l'ai faite alors que j'étais au foyer. Pas de famille d'accueil sympa pour m'emmener pour le premier jour. Non, j'ai été emmené avec tous les autres. Il n'a donc pas été difficile de me catégoriser, cette fois encore. Mais je savais déjà plus ou moins à quoi m'attendre. Parce qu'au foyer, il y avait des plus grands que moi, qu'ils m'avaient déjà prévenu. Et du coup, je savais que je ne risquais pas grand chose. Effectivement, je risquais encore moins quand les gens entendaient mon nom. Comme si être une Gauthier faisait de moi quelqu'un d'important. Pourtant, il faut croire que j'étais plus que banale puisque ma mère n'avait même pas voulu de moi. Toujours est-il qu'il ne m'a pas fallut longtemps pour me faire des amis. Sans doute parce que j'ai appris à m'en faire rapidement au fil du temps. Je m'entendais bien avec tout le monde alors il n'y avait pas de vraie difficulté. Même ceux du foyer, qui m'avaient fait promettre de venir les voir si j'avais un souci, se rendaient bien compte que j'éais en mesure de me débrouiller toute seule. Certes, je m'entourais surtout de jeunes de mon âge, la plupart dans ma classe ou que je croisais pendant certains cours. Et puis de fil en aiguille, je devenais l'amie de mes amis. Pour la première fois, je n'avais pas l'impression qu'on allait me rejeter ou me tourner le dos pour un oui ou pour un non. Je me sentais normale, je n'étais plus cette gamine qu'on a abandonné un jour sur le perron d'un orphelinat. Et bon sang, que ça faisait du bien de se sentir au moins un peu à sa place !

C'est là que j'ai fais sa connaissance. Un grand roux timide, qui piquait un fard dès que j'approchais pour lui dire bonjour. J'avoue, je m'en suis souvent amusé, prenant même un malin plaisir à le surprendre en arrivant sans bruit derrière lui avant de lâcher bien fort un « Bonjour ! » tout enjoué. Rien de tel pour le faire devenir rouge comme une tomate et déclenché mon fou rire. Enfin si on oubli ce détail... Babylon c'est genre... L'ami de l'ami d'une amie. Enfin vous voyez le genre quoi, on fréquentait le même cercle donc on a évidemment fini par se croiser. C'était naturel. En étant dans ce groupe, on était toujours plus ou moins les uns avec les autres. On sortait en ville, dès qu'on le pouvait. On se retrouvait toujours pour manger un morceau. Enfin les choses sont devenues un peu plus compliquées pour moi quand je me suis retrouvée dans une nouvelle famille d'accueil. Oui, une de plus. J'étais en cinquième et je devais encore changer d'endroit. Je n'en ai pas parlé mais mes camarades ont bien remarqué que je ne faisais plus le même trajet. Je ne prenais plus le même bus, je n'arrivais plus avec le groupe des jeunes du foyer. Certains ont tenté de poser la question, j'ai chaque fois changé de sujet. Mais comme je ne me suis jamais privée de sortir avec mes amis, ce n'était pas évident pour cette nouvelle famille. Vous comprenez, ils voulaient imposer des limites que je n'avais pas et surtout, dont je n'avais pas besoin. D'autant plus que mes petites sorties et habitudes ne m'ont jamais empêché d'avoir des notes correctes. Non, je ne suis pas une intello. Mais j'étais en mesure de me débrouiller et d'avoir des notes assez bonnes pour qu'on ne m'embête pas.

Vers la fin du collègue, j'ai commencé à faire des petites expériences. L'année du brevet pour moi a aussi été celle de plusieurs découvertes. L'année des premières fois. Notamment une de laquelle je ne garde pas forcément un souvenir extra. Non, ma première fois avec un garçon n'a pas été merveilleuse. Elle était passable. Suffisamment bien pour que je veuille recommencer, pas assez pour que ce soit avec le même garçon. Il avait deux ans de plus que moi donc on aurait pu s'attendre à mieux non ? Cette année avait aussi été celle de la première cigarette. Le début des addictions, celle au tabac en tête de liste. Les paquets qu'on cache, ce genre de chose. Mais quand ma famille d'accueil a trouvé un paquet, ça a visiblement été de trop. Retour au foyer. Enfin ça ne m'a pas plus dérangé que ça. Il faut dire que je commençais à avoir l'habitude. Et puis je sentais qu'il n'y en aurait pas beaucoup d'autre. Parce que j'avais déjà quinze ans et que donc, les gens ne veulent plus trop se prendre la tête. Encore moins avec le cliché de la crise d'adolescence ! Parce que franchement, prenez vous ça dans les dents avec une adolescente qu'on dit difficile, vous serez vacciné ! Mais ça ne m'a pas empêché d'avoir mon brevet. Bon, oubliez la mention et tout ce truc que je trouve superflu. Je l'ai eu, ça me permettait de passer au lycée. Franchement, je n'en demandais pas plus. Mais si, il y a eu un petit plus : une nouvelle famille. La dernière qui a été prête à tenter sa chance avec moi.

Bon, les vacances entre le collège et le lycée n'ont pas été beaucoup mieux. Après la cigarette, je suis passée à quelque chose d'un peu plus fort, m'octroyant un joint par-ci par là en soirée. Par chance, ma nouvelle famille d'accueil était prête à m'envoyer dans un pensionnat pour que je poursuive mes études. Le même que tous mes amis. Tous ? Non, pas pour un. Babylon nous a annoncé qu'il ne nous suivrait pas au pensionnat. Déception, tristesse, colère. Une part de moi le vivait comme un déchirement, comme si le Stein m'abandonnait. Alors que dans le fond, c'était vraiment à ses parents que j'en voulais ! Parce qu'ils avaient décidés que non, leur fils chéri ne ferait pas ses études avec nous. Alors, chacun a poursuivi ses études en partant plus ou moins de son côté. La rentrée au pensionnat ? Le pied total ! On faisait tourner les surveillants en bourrique, on avait certains délire le soir. Toujours sans drogue quand même, on savait se tenir ! Pour tout le reste, on n'avait aucune hésitation à foutre le bordel ! Inondation dans les douches, boucher les toilettes, laisser des traces de maquillage sur le miroir avec les filles. Et quelques petites expériences avec les garçons. Toujours sagement quand même, il ne fallait pas qu'on se fasse choper ! Mais les amourettes n'étaient pas interdites au pensionnat donc bon, on ne se gênait pas vraiment. Il est même arrivée que je tente ma chance avec une fille, par curiosité. Elle s'appelait Mathilde. Et même si c'était court, on s'est bien amusé, satisfaisant notre curiosité.

Les vacances par contre, c'était tout autre chose. Ma famille d'accueil a accepté quasiment toutes mes frasques. Même mes changements capillaires ne les ont pas fait broncher ! Au contraire, ils s'en sont même plutôt amusé, trouvant cela fun, me complimentant sur certains choix. J'ai même convaincu Lydia de se faire des mèches bleu électrique quand j'ai fais en intégrale ! Alors je vous laisse imaginer, mois à quinze ou seize ans avec des cheveux bleus et Lydia, du haut de ses cinquante-deux ans qui assumait fièrement ses mèches ! Je crois qu'elle profitait du temps qu'on pouvait passer toutes les deux. Et du coup, elle me montrait qu'elle me soutenait. Elle me soutenait coûte que coûte, peu importe ce que je faisais. Du moins quand elle était au courant. Je me suis souvent demandé si elle n'avait pas eu une adolescence un peu décousue comme la mienne. Toujours est-il qu'elle me laissait aller aux soirées avec mes amis. Ces soirées où je retrouvais Babylon. Mais c'était différent. Il ratait des choses, on devait rattrapé le temps perdu. Et je mettais un point d'honneur à lui raconter tous les coups qu'on faisait ! Parce que d'un côté j'étais fière, j'avoue. Mais je voulais aussi qu'il ne se sente pas trop exclu. Oui, je sais ! Je sais que je ne m'attache pas. Je sais que vous allez penser qu'il devait me manquer pendant la période scolaire. Ne vous y trompez pas, il me manquait autant que m'aurait manqué n'importe quel ami !

C'est pendant cette période que je l'ai un peu entrainé dans ma déchéance. Comme si je n'en faisais pas assez en entrainant parfois Erin dans mon sillage, il fallait que j'entraine le garçon. Première bière. Sa tête était drôle. Je lui en ai fait goûter quelques unes parce que quand même, par chez nous on a du choix ! Et puis le tabac aussi, partageant quelques fois une cigarette avec lui. Mais ce n'était toujours que des moments volés. Chaque fois, il fallait toujours se séparer. Et on retournait tous au pensionnat sans lui. Il y a quand même une année pendant laquelle j'ai un peu moins foutu le bordel. La dernière évidemment ! Parce que Lydia avait beau accepté que je me teigne les cheveux et que je fume, elle me rabachait régulièrement que, le bac, c'est quelque chose d'important et que quand je l'aurai, je serai en mesure de faire ce qui me plairait vraiment. Je vous jure, j'ai étudié d'arrache pied ! Et je l'ai eu ce foutu diplôme. La fête pouvait enfin commencer.

L'été. Enfin les vacances ! Lydia m'a carrément foutu la paix. Non pas qu'elle ne s'inquiétait pas de ce que je faisais, ne vous y trompez pas. Elle était même tellement fière de moi qu'elle avait décidé de me faire carrément plaisir. Devinez qui a eu un superbe budget shopping ? Et hop ! Un nouveau petit changement capillaire a été effectué : adieu bleu électrique aux mèches bleus pastel, bonjour vert sombre ! Cet été là, je passais beaucoup de temps avec Erin, à courir les magasins. Alors, le jour où Jayden nous a prévenu qu'une grosse soirée était prévu chez Babylon, il n'a pas fallut longtemps pour qu'il soit décidé d'y aller. Cette journée là avait été consacré au lèche vitrine intensif. Après tout, j'allais pouvoir refaire mon stock de vêtements. Alors, le soir venu on s'est tous retrouvés là bas. Je suis arrivée bras dessus, bras dessous avec Erin. Et là, c'était la fête de la déchéance totale. On avait dépassé le stade du joint, on était même déjà passé aux rails pour certains. Et puis l'alcool coulait à flot, sachant que là aussi, on était passé à plus fort que de la bière. La table devenait une scène sans le moindre mal. Bouteille à la main, je me déhanchais, m'approchais de certaines filles, me faisais tentatrice, faisant réagir certains garçons. Moi timide ? Même pas en rêve ! Dès qu'il faut faire la fête, picoler et rouler des pelles, je suis rarement la dernière arrivée ! Attraper une fille par le visage et lui rouler une pelle monumentale ? Pas de problème, je l'ai fais pendant cette fête. Entendre Erin me mettre au défi de faire comme si j'entamais un striptease ? Défi relevé et réalisé sans le moindre mal ! Je précise que je n'ai enlevé aucun vêtement tout de même.

Mais je voyais bien que Babylon n'avait pas le cœur à la fête. Alors, je suis allée l'embêter. Je me suis à moitié jeté sur son dos, calant ma tête contre son épaule. Prenant une petite moue boudeuse, j'appuyais doucement du bout du doigt contre sa joue. Non, je ne pouvais pas le laisser comme ça. Alors, j'ai profité d'être une fille plutôt grande et de porter en plus des talons pour le faire bouger. Posant la bouteille que j'avais à la main quelques instants plus tôt, je lui pris les mains et le forçais à se lever. Sourire charmeur au coin des lèvres, j'étais bien décidé à lui permettre de passer une bonne soirée. Préparation de cocktails, quelques petites touches de substances illicites... On pourrait croire que le tour était joué. Par contre, je vous jure que la suite n'était carrément pas prévue. De ce qui s'est passé ensuite, je n'ai que des flash. Parce que l'alcool et la drogue, ça n'aime pas toujours à se souvenir. Je crois que ça a commencé quand j'ai voulu tester un truc dont on m'avait parler : mettre de l'alcool dans ma bouche et embrasser quelqu'un pour partager la gorgée. Et il me semble bien que c'est avec le Stein que j'ai voulu essayer ça. Et de fil en aiguille... Je crois que j'ai... Plus ou moins fini dans son lit ? Enfin non, pas plus ou moins, je me suis carrément réveillée dans son lit le lendemain et ma tenue ne laissait pas de doute sur nos activités. Attention, ne croyez pas que je regrette ! J'aurai juste aimé m'en souvenir un peu plus en fait de cette fois. Toujours est-il que quand vous vous prenez le soleil dans la figure après une fête comme celle là, ça donne souvent l'impression d'avoir un marteau-piqueur sous le crâne ! Bon par contre, il était clair que non, on ne formait pas un couple. Non pas qu'il ne me plaise pas. Sinon je ne l'aurai pas embrassé même pour tester un truc. Mais je ne voulais pas être casée avec quelqu'un. Ça ne nous a pas empêcher de recommencer, jamais en étant sobre. Mais j'avais quand même un peu plus de souvenir les fois suivantes. Et je dois reconnaître qu'il était douée, ce qui me motivais à ne pas aller voir ailleurs sur cette période.

Mais août, c'était les vacances avec Lydia et Tom. Ce n'était pas vraiment pour me déplaire, ils aimaient bien changer de région. Enfin... Uniquement avec Lydia cette année. Parc que Tom avait décidé de... ben d'aller voir ailleurs en fait. Donc, on est partie que toutes les deux avec Lydia. Vous me direz, ça ne m'a pas dérangé plus que ça. Parce qu'on était entre filles et que du coup, on était deux à vouloir s'éclater. Direction le bord de mer dans le Sud ! Soleil, plage, farniente... Et une bonne dose d'éclate parce qu'on était motivé à aller en boite certains soirs ! Comme toujours, je me suis vite fait des amis. Du coup, la journée je sortais facilement. Et puis un jour, Lydia avait décidée de rester coucher parce qu'elle avait du mal à se remettre de notre dernière soirée. Je plaide coupable, je me suis un peu moquée. Mais du coup, elle n'a pas trop hésité à acquiescer quand je lui ai dis que j'allais faire un tour avec des amies. Direction al plage avec un groupe de files ! On se voyait régulièrement depuis le début de mes vacances. C'était du classique. Glace sur la plage et alcool en boite une fois le soir venu. Des vraies vacances quoi. Mais il avait fallut que quelqu'un se rappelle à mon bon souvenir. J'étais tranquillement installée sur le sable, clope au bec et lunettes de soleil visées sur le nez. Lena et Aurore avaient décidé d'aller voir s'il y avait des garçons à se foutre sous la dents. Comme si ceux de la veille ne leur avaient pas suffit. Mais elles sont revenues rapidement... Avec Babylon. Lui qui a été présenté comme un bulgare, je n'ai pas hésité à être acerbe, lui jetant au passage ma serviette en pleine face. Et j'ai bien visé en plus ! Je ne me suis pas retenue de lever légèrement les yeux au ciel quand il a accusé son pote. Je n'ai même pas répondu à son sourire. J'étais contente de le voir hein ! Mais j'étais un peu énervée aussi donc j'avais récupéré ma serviette sans la moindre douceur. Je ne savais pas trop comment faire. Je sais qu'on avait dit qu'on était pas ensemble. Mais cette proximité entre nous, je ne savais pas comment la gérer. Surtout que j'avais parlé de lui aux filles et je ne voulais pas vraiment avoir une réputation de fille trop facile. Comme si j'avais besoin de montrer que je peux m'attacher à quelqu'un. Seulement, je ne pouvais pas m'empêcher d'être acerbe avec Babylon. Et vu la manière dont il est parti, j'ai dû toucher un point sensible... Mais sur le coup, je m'en fichais, j'agissais comme si rien n'avait vraiment d'importance.

Septembre aurait dû s'annoncer plutôt bien. Mais j'avais des nausées atroces. J'avais l'impression d'avoir une gastro sauf qu'elle durait beaucoup trop longtemps. Alors, j'ai suivi le conseil de Lydia et j'ai fais une prise de sang. Et là, c'était pas du tout prévu comme ça ! Alors que je commençais des études de langues, littératures et civilisation étrangères, je découvrais, avec ce simple papier, que j'étais enceinte. Merde... Enceinte à dix-huit ans, on fait mieux niveau projet d'avenir. Et là, la question s'est posée : qu'est ce que j'allais faire ? J'en ai longuement discuté avec Lydia. Et finalement, j'ai refusé d'avorter. Je voulais l'assumer. Peut-être parce que j'avais été abandonnée et que l'avortement, ça aurait été abandonner ce bébé. Et la, à ma grande surprise... Elle m'a soutenu. Au lieu de me faire la morale, Lyly a promis qu'elle m'aiderait et que ce bébé serait choyé. Je ne sais pas si c'est à cause des hormones ou non, toujours est-il que j'ai fondu en larmes dans ses bras. Mais ça n'allait pas être facile. J'avais trouvé un job de vendeuse, j'étais étudiante, j'étais épuisée. Et surtout, j'étais incapable de dire qui était le père. Parce que non, en août je n'avais pas été des plus prudentes. Mais c'est quoi la protection quand on a déjà quelques verres dans le sang ? Il a donc fallut calculer. Et bon sang, que ça a été long de calculer tout ça ! Mais finalement, on a trouvé à quel moment il avait été conçu. Juillet.

Un bébé conçu en juillet, ça ne laissait qu'un futur papa possible. J'ai un peu tout essayer pour le contacter. L'appeler, lui envoyer des messages. Mais impossible de le joindre, comme s'il avait disparu de la circulation. Et puis pendant un temps, j'ai laissé tomber. Lydia m'a aidé à trouver un petit appartement proche de la fac pour que je ne me fatigue pas trop entre la marche et le métro. Mais les études, ce n'était pas trop ça. Parce que les gens parlent et qu'au fil des mois, mon ventre s'arrondissait doucement. Et j'avais des absences en cours parce que j'avais aussi des examens à faire. Par je ne sais qu'elle miracle, cette petite crevette semblait n'avoir aucune malformation ou aucun retard malgré ma consommation de tabac, d'alcool et de drogue. C'était un signe pour moi, celui que j'avais fais le bon choix en décidant de le garder. Je n'ai fais qu'un trimestre à la fac, quittant les cours juste avant les vacances de Noël. Je n'en pouvais plus de ces regards insistants sur mon ventre. Et puis je le sentais bouger à mesure que le temps passait. Mais il fallait que Babylon sache. Puisqu'il semblait aux abonnées absents quand je tentais de le joindre, je lui ai envoyé une demande de prise de sang, histoire qu'il puisse prouver sa paternité. Ce n'est pas moi qui en ait besoin, ce serait plutôt son cas !

Février. Septième mois de grossesse. Il devient difficile de se déplacer. Et heureusement que j'ai Lydia. Même Tom s'implique, même s'il ne vit plus avec Lydia ! Il y en a toujours un des deux pour m'accompagner à mes rendez-vous, qu'il s'agisse de prise de sang ou d'échographie. Et je sais que le jour où ce petit bout décidera de sortir, je ne serais pas seule, que Babylon assume ou non.